5 ans déja....

Invité

La fin de journée. La fermeture était proche, il devait bien être 18h passé. En cette saison, la nuit était déjà tombée, ou presque. Mais ça, David ne pouvait pas le savoir. Il ne savait rien de ce qui se passait dehors, cela faisait 5 ans qu’il n’était pas sortit. Jamais, pas une fois. Pas un seul courant d’air sur sa peau, rien… Il ne sortait de sa cage qu’une fois par jour, sinon, il y avait passé 5 ans. Cinq années entières. Il avait du sortir une fois pour aller dans un vrai lit, quand il était tombé malade, mais rien de plus. Ce lit se trouvait lui aussi dans les sous sols de la boutique… Un endroit sinistre. La plus part des vampires n’osaient pas parler. De peur d’énerver le vendeur, et de se recevoir un coup de fouet ou autre. Si bien que David n’avait personne avec qui parler. La plus part du temps, l’endroit était plongé dans l’obscurité la plus totale. Il n’y avait que aux heures d’ouverture que la lumière était allumée. De toutes façons, il était au fin fond du sous sol, il ne recevait que très peu de lumière. Heureusement, depuis sa naissance, le vampire avait la faculté de voir dans le noir. Cela ne lui servait pas à grand-chose… Sauf quand un commerçant, dans un ultime acte de générosité, lui donnait un livre, pour qu’il arrête de faire du bruit. En effet, comme il n’avait rien à faire, il s’occupait comme il pouvait. Et son activité principale était de faire des mélodies en frappant sur ses barreaux. Chacun avait un son différent. Quand il lisait, au moins, il était calme.

Mais il commençait à être las de cette vie. Il était considéré comme invendable. Il était effronté, son physique était extrêmement étrange, cela faisait même parfois peur aux clients… C’était l’une des multiples raisons pour les quelles il n’avait pas été vendu durant ces dernières années. Il ‘en voulait aujourd’hui d’avoir été impoli avec toutes les personnes qui l’avait un peu regardé, bien des années plus tôt. Cela les avait dissuadé de l’acheter. Maintenant, on en venait même plus le voir, il était trop loin dans la magasin. Il n’y avait autour de lui que 2 autres cages, en plus d’une vide. Les vampires qu’y s’y trouvaient étaient des jeunes, ils restaient en arrière boutique pour attendre de grandir un peu. Mais souvent, les maîtres les achetaient quand même, quand ils avaient le courage de venir jusque là. Tout ce qui est petit est mignon, c’est bien connu… Lui était grand et pas franchement mignon…

Ce jour là, son dos le faisait souffrir plus que d’ordinaire. Sa cage était trop petite pour lui. Il avait la même depuis qu’il était arrivé, et entre temps, il avait gagné 10 bons centimètres. Il n’avait déjà pas un bon dos, mais maintenant qu’il passait ses journées assis, et voûté, pour ne pas cogner sa tête au sommet en bois de sa cage. Il s’ennuyait à mourir. Il avait finit le livre qu’on lui avait donné la veille, un livre qu’il n’avait pas aimé, mais au moins, cela l’avait occupé. Il se tenait assis, en silence, soupirant régulièrement. Il vit sur la pendule accroché au mur que la fermeture était proche. Il baissa la tête. Encore une journée passée ici…

Eirnol avait installé sa nouvelle Falmari chez lui depuis quelques jours quand il se décida à acheter un Vampire. Il avait tué le dernier parce qu'il avait osé prendre la vie de sa Falmari et il hésitait à en reprendre un autre bien qu'il avait racheté l'une de ces créatures végétales. Pourtant, il n'avait pas vraiment le choix: le directeur de la mine qui n'envoie pas de Vampire travailler en sous-sol, c'était assez mal vu… Néanmoins, il n'était pas certain que le Vampire qu'il achèterait passerait toutes ses journées dans les sous-terrains… Enfin, il verrait bien. Quoi qu'il en soit, il lui en fallait un. Il avait donc laissé la jeune rousse chez lui pour se rendre de nouveau dans la ville basse à la fin de sa journée de travail. Il pénétra dans la boutique réservée à la vente de vampire et les employés s'inclinèrent devant lui le remerciant par avance de venir faire ses achats chez eux. Il les laissa lui vanter les mérites de leurs Vampires forts et travailleurs. Les marchands étaient en train de l'entraîner vers une partie de la boutique en délaissant totalement une autre. Eirnol, lui, ne regardait pas vraiment les spécimens. Il finit par interrompre l'homme et demanda d'une voix calme:

"Je suppose que vous possédez des Falmaris pour entretenir tous ces vampires, n'est-ce pas ? Alors, dites moi, avez vous des Vampires qui se nourrissent peu ?"

Les deux hommes qui tentaient de convaincre le riche héritier d'acheter toute leur boutique restèrent un instant sans voix puis l'un deux prit la parole:

"Qui se nourrit peu, Monseigneur ? Il vous suffit, dans ce cas, de les rationner. C'est ce que nous faisons ici, mais si vous envoyez votre esclave à la Muileata, il en reviendra fatigué et affamé, c'est logique. Un Vampire qui a faim est facilement irritable et…"

Eirnol le coupa d'un geste:

"Et un Vampire en colère commet des actes irréparables, je le sais… Je ne le sais que trop bien. C'est pourquoi je vous demande si vous avez des Vampires avec peu d'appétit."

Eirnol ne voulait pas risquer que son nouveau Vampire fasse du mal à la jeune Falmari, mais il savait qu'il devrait le nourrir et il préférait que, au moins au début, les quantités de sang prélevées soient minimes… Finalement, le marchand lui expliqua qu'il avait quelques vampires encore trop jeunes pour la mine mais qui, forcément, buvaient moins. Par contre, il ne promettait pas que cette consommation moindre perdurent dans le temps. Eirnol acquiesça et se laissa guider vers le fond de la boutique. Il y avait là quatre cages. L'une d'entre elle était vide, le vendeur dénigra la deuxième et montra les autres au jeune homme. Eirnol se baissa et regarda les deux Vampires. Il y avait une femme et un jeune garçon. La femme le dévisagea avec provocation. Elle ne devait pas avoir plus de dix ans et on aurait cru qu'elle allait le griffer. Quand au garçon, c'était un enfant recroquevillé dans son coin, tremblant de peur. Eirnol secoua négativement la tête. Il ne pouvait décemment pas acheter des êtres comme ça.

Finalement, son regard se porta vers la troisième cage pleine et il remarqua un jeune homme qui semblait bien à l'étroit. Fronçant les sourcils, il s'approcha alors que le vendeur était en train de lui expliquer que celui-ci ne lui plairait sûrement pas, mais il y avait quelque chose qui attirait Eirnol vers ce Vampire. Sans hésiter, il passa sa main à travers les barreaux de la cage. Le Vampire avait tellement peu de place qu'il ne pouvait pas vraiment tenter un geste agressif ni de recul. Quand les doigts du jeune homme touchèrent ce qui lui avait semblé étrange: la peau du Vampire, il eut comme un sursaut et retira sa main. Il réclama de la lumière, s'offusquant d'être ainsi dans le noir. Le vendeur tenta de le dissuader puis céda et une lampe assez puissante fut amenée pour satisfaire la demande du propriétaire de Muileata. Quand Eirnol comprit enfin ce qui l'avait attiré, il eut un hoquet de surprise:

"Seigneur ! Mais que lui avez-vous fait ?"

Invité

David tenta de se redresser, pour soulager son dos. Mais il se cogna la tête, dans un bruit sourd. Il se frotta le haut du crâne, après avoir poussé un petit soupir de douleur. Tentant se s’étirer comme il pu, il fit craquer différentes vertèbres de sa colonne vertébrale, ce qui le soulagea légèrement, très légèrement… Quel ennui… Il commençait à dépérir ici. D’ailleurs… Non, il ne commençait pas. Enfermé ici depuis des années, il dépérissait depuis longtemps. Il avait perdu l’espoir de revoir un jour la lune briller dans le ciel de Galway. Pourquoi avait il fait confiance aux humains ? Pourquoi s’était il juré fidélité avec ce maître… Devant le physique affreux qu’il avait maintenant, l’homme n’avait pas hésité à le revendre. Etait il toujours à Galway ? Savait il seulement ce qu’il était devenu… Savait il que le vampire à qui il avait murmuré plus d’une fois « je t’aime » à l’oreille était enfermé dans une cage comme un animal, attendant qu’une âme charitable vienne le délivrer de ce supplice ? Sûrement… Et il n’en avait que faire. Sinon, il serait déjà venu le chercher… Il savait très bien où il était. C’était son maître en personne qui l’avait amené ici. Alors que David regardait la lune pour la dernière fois, c’était cet homme qui l’avait violemment poussé à l’intérieur de la boutique…

Il ramena ses genoux contre son corps, et il ferma les yeux. Même si quelqu’un venait le tirer de cet enfer, jamais, jamais il ne lui ferait confiance. C’était tout simplement hors de question. Il ne pouvait plus faire confiance aux humains… en revanche, il ne ferait plus jamais la même erreur. Si par bonheur quelqu’un venait à s’approcher de sa cage, à le regarder de près, à avoir en tête de l’acheter, il ne laisserait en aucun cas apparaître son mauvais caractère… Il voulait tellement sortir d’ici… Il était près à mettre sa fierté de coté et à ramper devant un humain, pourvu qu’il l’emmène loin d’ici… Cela ne durerait pas toujours. Le parfait petit vampire tout gentil, c’était bel et bien terminé. On l’avait trahit, c’était trop tard… Il fut secoué par une quinte de toux, quand il entendit des pas dans l’escalier.

Il releva le regard. Il y avait en plus de plusieurs commerçants, un client. Un « monsieur tout chic tout beau tout propre ». Il baissa à nouveau le regard. Il était habitué à voir les vampires s’en aller avec des maîtres, avec le temps… A chaque fois, il essayait de ne pas regarder, pour ne pas s’imaginer à leur place, et se faire du mal inutilement. Mais, étrangement, les bruits de pas se rapprochèrent. David releva alors le regard. Mais bien entendu le groupa passa à coté de sa cage, pour aller voir les plus jeunes. Au combien déçu, il se mordit la lèvre inférieure. Pourquoi avait il pensé une seule seconde qu’on venait pour lui ? Il savait bien qu’à chaque fois qu’il s’autorisait à penser cela, il était tellement déçu par la suite, que cela le plongeait dans une tristesse encore plus importante que d’ordinaire… Encore une fois, sous son nez, un adorable petit vampire allait être vendu. A un homme au choix : voulant être père mais n’ayant pas son enfant à lui, ou bien alors… pédophile, pourquoi pas…

Mais non… Il n’entendit pas le cliquetis habituel que faisait une cage qu’on ouvrait. Au lieu de cela, il entendit qu’on parlait de lui. Le commerçant était en train de le dénigrer. Le cœur battant, il releva encore une fois le visage. L’homme se dirigeait vers lui. Mais le vendeur, lui, continuait de déballer son petit discours…

*Tais toi… Tais toi mais putain tais toi ! Tais toi !*

Alors, comme si ce geste aurait pu empêcher Eirnol d’entendre le vendeur, David se plaqua les mains sur les oreilles. Il ne voulait plus entendre ces insultes. Tous ces mots pour ne pas que l’homme l’achète. Encore une fois, il se disait qu’il n fallait pas qu’il ne se fasse trop d’illusion. Le client l’avait vu de loin. Si il se rapprochait, il reporterait sûrement son choix su un vampire plus attirant, en meilleur état, plus poli, plus serviable… Il approchait sa main de son visage. Surpris par ce geste, David tenta de reculer la tête, mais il se cogna à nouveau Quand il sentit la main chaude de l’homme contre sa joue, il s’approcha, et leva ses yeux pâles vers Eirnol. Ce dernier retira très rapidement sa main. La peau du vampire était glacée, très lisse, surnaturelle… David continuait de regarder l’homme dans les yeux, mais ce dernier, ne voyant pas dans le noir, ne pouvait sûrement pas le remarquer.

Eirnol demanda de l’éclairage. David faillit crier « non ! », mais il se retint. Il ne voulait pas que cet homme le voie… Si il le voyait, si il voyait son pitoyable physique, il n’en voudrait plus. Il s’en désintéresserait…Une lampe fut apportée, et la lumière puissante qu’elle donnait éblouit le vampire, qui n’était plus habitué à une lumière aussi forte. Il se protégea les yeux pendant quelques secondes. Puis, il releva à nouveau le regard vers le client. Ses yeux pâles brillaient. Son apparence était réellement surnaturelle… On aurait presque dit un albinos aveugle. Sauf qu’un albinos a la peau blanche. La sienne était plus grisâtre que blanche…
Il attrapa un barreau avec sa main droite, suppliant l’homme du regard, et prenant l’air le plus soumis qu’il puisse prendre…

Le vendeur était gêné par la remarque de son client. Aussi, il répondit :

-Nous ?! Monsieur voyons… Nous ne lui avons rien fait… Son ancien maître nous l’a vendu dans cet état…

Eirnol n'en revenait pas. Depuis plus de 10 ans, il travaillait dans les bureaux de la mine. Il voyait les Vampires entrer et sortir tous les matins et tous les soirs et jamais, absolument jamais, il n'avait vu un Vampire dans cet état. Le jeune humain ne portait pas ces créatures dans son cœur, mais il n'imaginait pas qu'on puisse faire preuve d'autant de cruauté à l'égard d'un de ces êtres. Il observait celui qui lui faisait fasse avec une grande attention. La peau était ternie comme des cendres froides, les yeux semblaient aveugles, les cheveux terriblement clairs… Pourtant, l'être qui lui faisait face ne semblait pas avoir perdu la vue pour autant, son état de santé ne donnait pas l'impression de le faire souffrir outre mesure. Se décidant, Eirnol prit la parole à l'adresse du Vampire d'un ton ferme et sûr.

"J'ai trois questions. Depuis combien de temps croupis-tu ici ? As-tu déjà travaillé à Muileata ? Et, quel est ton nom ?"

Clairement, Eirnol attendait une réponse du Vampire, le marchant ne chercha donc pas à répondre à sa place sachant comme certains hommes pouvaient être froids et désagréable avec le pauvre vendeur qu'il était. Quand le jeune homme aux cheveux gris bleutés se releva lentement et, sans quitter le regard de la créature, annonça d'un ton ferme qu'il le prenait. Le marchant fit plusieurs courbettes et l'invita à le suivre. Le propriétaire de la mine ne se fit pas prié et paya le prix demandé. Un prix incroyablement bas, d'ailleurs. Il était en train de composer son code sur la machine pendant que d'autres personnes sortaient David de sa cage. Des chaînes maintenaient les mains et les pieds du Vampire quand on le présenta à Eirnol qui fit libérer ses chevilles pour qu'il puisse marcher.

Le maître parti ensuite suivi de son esclave et, quand ils furent enfin seuls, il lui parla, le guidant vers sa voiture, le faisant monter dedans, et prenant le chemin de sa demeure. Tout en parlant, il réflechissait à ce qui avait pu mettre le Vampire dans cet état. Ce qui avait pu décolorer sa peau de cette manière, abîmer ses yeux ainsi…

"Je suis Eirnol Von Heizt, le propriétaire de la mine. Peut m'importe que tu m'appelles Maître, Monsieur ou Eirnol, je veux juste que tu me vouvoies. La Falmari qui te nourrira est une femme très douce, je t'interdis de lui faire délibérément du mal. Tu travailleras à la mine, mais je me moque totalement de l'argent que tu mettras en banque. Je prélève un pourcentage sur le travail des autres Vampires, je ne suis pas pauvre. Tu dois juste faire en sorte de ne pas ternir mon image. Il est possible, si tu t'en montres digne, que je ne te fasse pas travailler tous les jours."

Il prit un virage un peu brutalement et ils furent ballottés un instant. Eirnol conduisait vite mais pas mal pour autant. De la cendre… La peau ressemblait à de la cendre… Et ces yeux, comme si une trop grande lumière les avait agressés… Sans rien montrer de son raisonnement, curieux, il reprit:

"Dis moi. C'est le soleil qui t'a mit dans cet état, n'est-ce pas ? Pour que ton apparence soit autant altérée, tu as dû y être exposé un bon moment… Je ne m'explique pas comment tu as survécu. Pourquoi n'es-tu pas mort, le sais-tu ?"

Eirnol se tut, attendant que le Vampire lui réponde. Il se concentrait sur la route, passait dans les petites rues sans ralentir. Son silence dura jusqu'à l'arrivée où il se gara dans un dérapage assez bruyant dans un parking sous-terrain. Il coupa le contact et s'extirpa de l'habitacle. Il attendit que le Vampire en fasse autant avant de fermer le véhicule à clé et de se diriger vers l'ascenseur. En appuyant sur le bouton, il posa une autre question:

"Comment étais-tu… avant ?"

Eirnol était déjà en train de réflechir à la possibilité de soigner de Vampire, de lui rendre son apparence première... Etait-ce possible ou utopique ? Il l'ignorait.

Invité

Ses yeux pâles levés vers Eirnol, le vampire attendait qu’on lui adresse la parole, ou bien que l’homme décide si oui ou non il l’achetait. Pitié… qu’il l’achète… Il avait trop envie de sortir de là pour voir un nouveau maître s’éloigner de sa cage, et repartir avec un autre… En plus de le laisser à croupir des jours et des jours de plus dans cette cage, cela blessait profondément David. Ce n’était pas parce qu’il était vampire qu’il n’avait aucun sentiments. Quand on le délaissait pour un autre, il sentait bien que son apparence monstrueuse y était pour quelque chose. Il n’avait jamais demandé à ressembler à cela. Il avait même été destiné à être un vampire magnifique, attirant, mais non… Et ce n’était pas sa faute. C’était la faute de sa dévotion envers ces êtres cruels et cupides. Il les haïssait… Du plus profond de lui-même, il les détestait…
Enfin, l’homme lui adressa la parole. David n’avait pas bougé, il restait là, à le fixer, légèrement éblouit par la lumière. Il hésita quelques secondes avant de répondre. Au moment même où il allait prendre la parole, le commerçant le prit à sa place.

-Il a travaillé à la mine, plusieurs années durent, quand il était plus jeune. Il s’appelle David, mais il n’a pas de nom.

Evidemment, l’homme s’était bien gardé de dire que David croupissait ici depuis 5 ans. Il aurait alors du donner les raisons pour les quels l’être restait invendu. Car il n’y avait pas que sa pitoyable apparence. Il y avait aussi son caractère insupportable, que le vampire arrivait jusque là à cacher à merveille. Mais là, il ne pu pas laisser passer cela. Timidement, il prit la parole, d’une voix à peine audible :

-Jones monsieur… David Jones…

Le cœur du vampire fit un bond dans sa poitrine. Il le… Prenait ? C’était donc vrai ? Il ne s’était pas fait de fausses idées cette fois là ? Il attrapa un deuxième barreau avec sa main gauche, rapprochant son visage de ces derniers. Une lueur d’espoir brillait étrangement dans ses yeux pâles. Certes, il n’aimait pas les humains, cela n’allait pas changer, mais là, il ne pouvait qu’être reconnaissant envers Eirnol. Il attendait ce moment depuis trop longtemps pour jouer les difficiles. Mais Evidemment, avec le caractère qu’avait David, la gratitude qu’il avait pour son maître allait rapidement s’estomper, et son mauvais caractère allait lui aussi rapidement faire surface.

Alors que les deux humains s’éloignaient, pour qu’on puisse régler le prix qu’il coûtait, on sortit David de sa cage. La personne qui était venu lui ouvrit était un jeune vendeur, qui venait d’arriver. Il était toujours très doux avec les vampires. C’était lui qui, la plus part du temps, donnait à David de quoi s’occuper, des livres et autre… Il l’aida délicatement à se redresser. David avait mal au dos. Il s’étira, faisant craquer quelques unes de ses vertèbres. Il prit une grande bouffée d’air, cela faisait du bien de se lever. Il jeta un coup d’œil en direction des escaliers, qui montaient au rez-de-chaussée. Depuis combien de temps rêvait il de les monter ? A quoi ressemblait la lune déjà… Elle était belle c’est cela ? La dernière fois qu’il l’avait vu, elle était pleine, la nuit était claire… Mais il n’avait pas vraiment pu en profiter longtemps. Maintenant, il saurait savourer chaque minutes passées dehors. Le jeune qui s’occupait de lui, lui donna une veste, en lui disant que l’hiver approchait. Chose que David venait d’apprendre. Dans ce sous sol sombre, il n’y avait ni saison, ni jours, ni nuits… Il enfila la veste, attendant avec impatience que l’autre revienne, et qu’il l’emmène loin d’ici.

Quand il revint, il le suivit jusqu’au rez-de-chaussée. L’homme ouvrit la porte. Et avec émerveillement… David découvrit le ciel déjà étoilé. Il faisait en effet légèrement froid… Mais… Il n’en avait que faire. Un sourire se dessina sur ses lèvres, et il leva la tête en direction du ciel. Et il suivait comme cela son maître, le nez vers les étoiles, avec un sourire immense dessiné sur le visage. Le vent soufflait légèrement sur sa peau fine, et cela faisait un bien fou. A plusieurs reprises, il prit de profondes bouffées d’air. Il aurait plut averse que cela ne l’aurait pas dérangé le moins du monde. Mais malheureusement, ils arrivèrent rapidement à la voiture de l’homme. David s’installa à la place passager, à coté de son maître. Cependant, son regard ne quittait la le dehors, qu’il regardait par la vitre, émerveillé par… La rue. Le moteur démarra, et ils partirent, sûrement en direction du domicile de l’homme.

Il n’écoutait que d’une oreille distraite les propos de l’homme. Il se tenait assis, regard tourné vers le coté, vers le carreau quoi, se tenant à la poigné au plafond, au dessus de la portière. Eirnol avait une façon de conduire… Assez particulière. En revanche, son regard s’assombri (enfin… Dans son cas, ce n’est qu’une expression) quand l’homme commença à parler de son apparence. Il était assez chatouilleux sur ce sujet. Et il risquait de perdre assez vite son self contrôle si il ne faisait pas un effort. Il baissa les yeux, regardant ses genoux, avant de dire :

-Chais pas… d’une petite voix.

Oh qui si il le savait. Son sang humain, voilà ce qu’il l’avait sauvé. Mais même si les vampires n’étaient que des esclaves, il préférait savoir que l’intégralité de ses gênes étaient des gênes de vampires, plutôt que l’affreuse vérité… Son père était un humain. Il avait lui-même une partie en lui de ces êtres qu’il haïssait tant… La voiture stoppa, et David sortit du véhicule. Et l’homme lui de son coté, insistait sur le sujet. Il serra le poing sur le tissu de son vieux pantalon, en se mordant la lèvre, pour ne pas s’énerver. Gardant le regard bas, il répondit toujours sur une petite voix :

-Chais plus…

L’ascenseur arriva, et les deux hommes y montèrent. David, ne connaissant bien entendu pas l’étage où il fallait aller, aussi, il laissa Eirnol faire.

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