La cage d'un vampire bien trop sur de lui

[Premier post]

Alexis s'était décidée. Elle irait acheter un vampire aujourd'hui. Cela faisait déjà un petit temps qu'elle y pensait, à force de rester seule chez elle. Elle s'était déjà installée depuis un bon bout de temps dans cette ville qui lui promettait une certaine diversité et de meilleures péripéties que ses dernières escales. Seulement, ne fréquentant plus les bars, elle n'avait pas vraiment noué de relations. Hors si cela ne la dérangeait pas à une certaine époque d'être complètement isolée, ses dernières relations avaient changé ça en elle. En plus quand on ne picole plus, faut trouver un autre moyen de faire passer le temps. Et plutôt que de faire à tout ceux qu'elle croisait dans la rue "venez on va manger des framboises et faire la fête" -attitude qui n'était vraiment pas la sienne, elle avait décidé de renouer avec un autre genre de relation. Qui serait à moitié consentie, sûrement problématique et chaotique mais qui au moins la sortirai de cette inactivité qui commençait à lui peser. Elle se renseigna donc pour trouver cet endroit qu'on appelait "Caveau des Vampires". Elle avait mis un pull légèrement décolleté dans les tons bruns, un pantalon qui lui était venu sous la main et son éternel long manteau noir. Elle s'était mise en route vers la fin de l'après-midi, se rappelant que les rayons du soleil n'était pas très bénéfiques pour ces êtres de la nuit.
Elle se tenait finalement devant la porte de ce fameux lieux. Quelques personnes en étaient sorties, parfois seules parfois accompagnés par des vampires à la peau sensiblement blafarde. Sans plus attendre, elle entra, levant les yeux au ciel en contemplant l'immense originalité dont faisait preuve les marchands d'esclaves. En résumé un réseau de cages qui formaient des allées, contenant des hommes et des femmes à crocs qui avaient manifestement mieux à faire ailleurs... Elle passa à travers des rangées, regardant distraitement le choix. Elle n'était pas insensible mais leur misère n'était pas la sienne, elle n'allait pas jouer les bienfaitrices, jouer sur un coup de dé celui ou celle qui l'accompagnerait. Qu'on la méprise ou qu'on la supplie n'influencerait rien du tout, la mentalité d'en tirer un de cet endroit pour se donner bonne conscience n'était pas encore rentrer dans sa mentalité.
Au fil de son errance, elle commençait un peu à se lasser, à mi chemin entre l'énervement et l'ennui. Elle ne savait pas précisément ce qu'elle cherchait, généralement c'était un coup du sort ou de tête qui lui forçait la main. Elle allait renoncer quand elle arriva devant une cage contenant -oh surprise- un vampire. Il était assis, ne bougeait pas, ne semblait pas beaucoup réagir mais quelque chose d'instinctif disait à Alexis qu'il n'était pas encore tout à fait léguminisé. Elle n'avait pas envie de quelqu'un qui lui dise amen à chaque phrase, pour ça acheter un chat ou un chien reviendrait sensiblement au même. Il suffisait déjà de constater le nombre de coups qui parsemaient son corps et qu'on pouvait apercevoir à travers sa chemise ouverte. Elle se planta devant les barreaux, à quelques dizaines de centimètres, les mains dans les poches, le contemplant de façon pensive qui, dans son cas, aurait pu passer pour une attitude hautaine et supérieure. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle cherchait ou attendait, mais elle ne bougea pas de la, les yeux toujours fixé sur ce vampire aux cheveux blancs...

Finalement il réagit le premier, s'approcha d'elle, la jaugeant du regard. Elle réprima un sourire, pas le moins du monde offusquée par son attitude, se laissant détailler. A côté, un autre vampire manifestement intéressé tentait désespérément d'attirer son attention. Elle ne lui jeta pas un seul regard, sachant d'avance que qu'elle que fusse les intentions du prisonnier, il la fatiguerait au plus au point. De plus, les volontaires désignés étaient souvent ceux qui ne se faisaient pas remarquer. Le vampire en face d'elle par contre fit cesser son comparse d'une oeillade qui fit effet immédiatement. Elle eut alors un léger sourire satisfait. Il lui plaisait bien. Il entama même la conversation d'un "bonsoir" auquel elle mit quelques secondes pour répondre, d'un ton à la fois amusé et intrigué. Pour elle tout était un jeu en ce moment précis. Elle leva la tête lorsque les premières gouttes de pluie se mirent à tomber. Elle la baissa lorsqu'elle entendit:

Merveilleux temps aujourd'hui, que faites vous dehors de ce temps là, vous observez, les Vampires. Vous voulez toujours tout contrôler vous les humains. Il n'y a que vous pour faire ça.

Il questionnait et répondait en même temps, ne cherchant manifestement pas son avis. Elle ne tenta pas de lui en faire changer, après tout il avait raison même si d'autres critères beaucoup moins reluisants caractérisaient l'espèce humaine. Un homme s'approcha de la cage, regardant des pieds à la tête la jeune femme avant de se tourner vers le vampire. Apparemment il travaillait ici au vu du regard chargé d'amour fraternel que les deux personnes s'échangèrent.

-Je dois vous prévenir que ce vampire est assez agressif madame... Mais si vous voulez le voir de plus près...

-Oui pourquoi pas, fit elle, particulièrement amusée même si elle ne le montrait pas ouvertement.

C'était un peu idiot de la part de l'employé, elle le voyait très bien à travers les barreaux. Il commit même une certaine erreur stratégique en ouvrant la porte avant d'avoir demandé au vampire de reculer. Résultat, son imbécillité le conduisit à être violemment repoussé en arrière. Alexis ne sut pas trop ce qui avait été cassé, quelque chose dans la région du bras, peut être le coude ou le poignet... Elle aurait bien ri mais elle trouvait ça déplacé pour l'homme à terre, bien qu'il n'en vaille sûrement pas la peine. Elle ne prendrait pas parti... Le vampire profita de cette liberté pour sortir complètement et s'approcher d'elle. Elle ne recula pas le moins du monde, il ne l'impressionnait pas et elle savait se défendre. Avec une petite moue dépité, elle fit simplement:

-C'était plutôt facile...

Les autres esclaves à proximité, interpellés par ce qui venait de se passer s'égosillaient dans leur prison, ravis de voir qu'un de leurs bourreaux avait été bien remis à sa place. Le vacarme alerta les autres collègues qui accoururent dans leur direction, la plupart armé d'un peu de tout pour riposter. Deux se dirigèrent vers l'homme à terre pour l'aider à se relever, ce dernier grimaçant et tenant son bras. Le reste se rassembla, se souciant peu qu'une "cliente" soit exposée étant à la gauche du vampire tandis qu'ils étaient à sa droite. Estimant qu'elle en avait vu suffisamment, elle leva la main et surmontant le vacarme ambiant, jeta sur un ton désinvolte:

-Combien?

Cela paralysa immédiatement les agresseurs, figés dans leurs mouvements, prêts à porter leurs coups. Sans doute devaient ils se dirent qu'elle était folle ou stupide, mais en même temps elle les débarrassait de ce fouteur de trouble qui traînait depuis bien trop longtemps chez eux. Le temps s'était pour ainsi dire presque stoppé, seule la pluie qui continuait à tremper les gens présent prouvait qu'on avait fait aucun arrêt sur image... Celui qui devait être le plus haut placé fit baisser aux autres leurs fouets, bâtons et autres ustensiles du même genre.

-Vous êtes bien sûre? Ce n'est...

-Ni repris ni échangé, c'est ça, fit elle en lui coupant la parole. Ce n'est pas un problème...

Il posa sur elle un regard suspicieux. Il se livra un combat intérieur très acharné auquel remporta le parti du gain... Peut lui importe qu'elle soit stupide ou inconsciente, à partir du moment ou elle aurait payé, cela n'était plus son affaire. Ignorant le vampire, elle passa devant lui pour rejoindre les hommes. Le prix lui fut donné, tout a fait acceptable -pour le peu que la traite des êtres vivants le soit-, elle déboursa et se fit remettre en échange un collier et une laisse, le tout avec une signature sur un vieux formulaire défraîchi. Puis, ils les laissèrent seuls, non sans avoir jeté un regard signifiant bien qu'ils devaient désormais débarrasser le plancher.
Alexis se tourna vers le vampire comme si rien ne s'était passé et fit un petit mouvement de tête:

-On y va?

Il ne fit pas attention aux paroles d'Alexis, il n'allait pas se battre comme un bourrin pour sortir de sa pauvre cage. Il préférait la simplicité, il n'aimait pas perdre son temps pour épater la galerie. Il n'était pas sorti de sa cage pour les beaux yeux de la jeune femme. Il voulait lui faire comprendre par des paroles plus que sincère, mais il ne disait rien. Il se fichait d'avoir un maitre, il pensait qu'elle lui serait utile, qu'il s'en sortirait mieux avec un maitre comme elle derrière lui, mieux qu'être seul. Elle allait le nourrir, lui donner un endroit pour dormir, Antony n'était pas resté dans sa cage pour glander.

Pour l'instant il se comportait le mieux possible avec elle, il ne voulait pas montrer dés la première rencontre à quoi il pensait vraiment en l'acceptant comme maitre. Les autres esclaves regardaient la scène avec attention, les collègues de l'esclavagiste, se préoccupaient plus de leur collègue par terre mieux qu'a leur cliente. Mais la jeune femme avait l'air agacée par toute cette agitation, Antony encore plus, il voulait partir les mains dans les poches, mais quelque chose au fond de lui, lui disait de rester avec la femme, qu'elle pourrait l'aider, même si elle ne le savait pas encore, elle leva la main.

Combien ?

Il se mit à soupirer, savoir qu'il avait un prix le répugné. Les esclavagistes regardaient la femme avec des regards inquiets. Le vampire était agacé. Le plus haut placé, Antony l'avait vu passer devant sa cage avec son fouet à la noix pour faire peur aux esclaves. C'est lui qui prit la parole, pour lui demander si elle était sur de ce qu'elle voulait faire.

Vous êtes bien sûre? Ce n'est...

Ni repris ni échangé, c'est ça, ce n'est pas un problème...

Elle fit un échange un collier et une laisse, puis une jolie signature sur un vieux formulaire et l'affaire était conclus. La jeune humaine se tourna vers Antony et fit un mouvement de la tête, pour qu'il la suive. Il hésita un moment, malgré qu'il lui appartienne sur le papier, cela ne pouvait pas l'empêcher d'essayer de s'enfuir, de décider de s'en aller dans la nuit et ne plus jamais apparaître à la vue d'un humain quelconque. Mais il ne tenait pas à le faire, il voulait pas se casser la tête à s'enfuir pour se retrouver sans rien.

On y va ?

Il suivit la jeune femme sans rien dire, il mit ses mains ses poches. Il regardait le paysage, il n'aimait pas la vieille ville, l'ambiance ne lui plaisait pas. Quitter cette ville, le fit frémir de plaisir. Il ne prit même pas la peine de regarder la jeune femme, mais quelque chose ne lui avait pas plus. Il fit une drôle de tête, en repensant avec quoi on l'avait échanger.

*M'échanger contre un collier et une laisse, ca me laisse sans voix.*

Ils marchaient tranquillement sans se presser, l'un derrière l'autre. Ils croisèrent un couple d'humains avec deux vampires complètement abattus. Antony leur jeta un regard et reporta son attention sur la ville. Il pleuvait toujours autant, l'orage se mit à gronder. Après un silence d'une bonne trentaine de minutes à marcher derrière la jeune humaine, Antony ouvrit enfin la bouche. Tout en faisant bien attention à ce qu'il allait dire, il se mit à regarder le dos de la jeune femme. Il ne voulait pas en demander trop, ne sachant pas si pour la jeune femme prendre la parole, sans qu'elle lui donne l'autorisation était un manque de respect. Mais il prit le risque.

Où allons nous ?

C'était court et direct, il n'allait pas se prendre la tête. Il voulait savoir quand il pourrait se reposer. Ses bleus lui faisaient toujours aussi mal, ses cotes encore plus, lorsqu'il marchait, mais il ne fit pas voir une seule fois qu'il souffrait. Il marchait à la même allure que l'humaine.

Lien: Chez Alexis Merëgreen et Anthony Hopkins