Derrière les barreaux...[Rhydaë Tharos]

La soirée venait juste de débuter et il s'était eveillé dans sa cage. Ici, l'on ne pouvait voir la lumière lunaire et les étoiles dans ce sombre caveau. Le vampire s'ennuyait vraiment mais ne laissait pas vraiment paraitre ses émotions, attendant dans une immobilité digne d'une statue. On avait essayé de le dresser au centre de dressage mais aucun traitement n'avait réussi à le dompter. En désespoir de cause, on l'avait envoyé ici. Les dresseurs avaient seulement réussi à faire en sorte que le vampire n'assassine pas son futur maitre une fois sorti du caveau... Il repensait à sa famille qui était maintenant éparpillée aux quatres vents et dont certains membres avaient été descendus lors de l'attaque des traqueurs dans le camp... La liberté lui manquait, lui qui avait eu la chance de naitre libre... Pourquoi était il ici ? Quel était son avenir ? Ils pouvaient toujours se brosser si il essayaient de le faire travailler à la mine. Si ils essayaient de le faire travailler tout court d'ailleurs, il n'était pas un larbin et il ne le serait jamais. Il souhaitait bonne chance à son futur maitre car l'imbécile qui l'achèterait en baverait beaucoup... Sauf si il accédait aux moindre de ses désirs, ce qui avec l'orgueuil de l'homme ne serait certainement pas le cas... Il n'allait pas se laisser faire, oh que non... Si ca se trouve, ca serait marrant de pourrir la vie d'un humain. Oui, il était bien de cet avis là. Combien de temps avait il passé entre ces murs lugubres déjà ? Il ne s'en souvenait plus du tout, cela semblait être une éternité. Mieux valait faire profil bas à l'achat et ensuite commencer son oeuvre une fois sorti de ce trou à rats. En espérant qu'il ne s'emporte pas auprès d'un maitre qui voudrait l'acheter, ce qui n'était pas vraiment de la tarte vu le carctère impulsif du vampire.

Une lune un peu pâle éclairait les routes de Galway. Comme toujours, Rhydaë avait attendu le soir pour sortir, mais cette fois, elle regrettait de ne pas avoir emporté de lampe. Il faisait sombre et l'ombre des batisses se prolongeait de telle sorte qu'elles se touchaient presque, au milieu du chemin. Aussi tentant que fut ce petit carré fuyant la pénombre, Rhydaë resta à l'écart, longeant les murs en silence.

Depuis quelques temps, elle ne sortait plus en emportant avec elle que sa discretion. Elle avait acquis une arme, un poignard de la taille de quelconque tanto, mais elle l'avait surtout prise pour son design. Rien à voir avec les longues lames des sabres, tranchantes et brillantes, qui avaient elles aussi un charme non négligeable. C'était un simple outil de défense, plus disuasif que meurtrier. La lame était gravée de lignes ondulantes, et un serpent d'argent entourait le manche dans sa continuité. Le pommeau représenté la tête d'un animal mythique aux yeux bleux opaques.

Rhydaë, quelles que soient les saisons, ne portait jamais de chaud lainage. Ce soir encore, alors que l'air était frais, elle ne portait qu'un haut sans manche et un pantalon blanc, et s'était simplement entourée d'une legère cape violette dont la capuche couvrait ses longs cheveux bruns. Cependant, en voyait en dessous, là où elle ne l'avait pas boutonnée, sa ceinture à laquelle pendait le poignard. Si le fait de l'avoir acheté s'éloignait un peu de ses idées pacifistes, rien n'était moins sûr que Rhydaë l'utilise un jour contre un éventuel agresseur. Mais les placards de cette ville pouvaient s'ouvrir à tout moment, et depuis toujours, la jeune femme craignait de se retrouver en face à face avec un vampire.

L'histoire l'avait prouvé, elle n'avait rien contre eux. L'égalité aurait du être rétablie lorsque les humains avaient inversé les roles, et Rhydaë s'affligeait de voir que le sang était lavé par le sang. Elle se sentait un peu mal à l'aise, à errer dans la ville entre ces maisons qui, elle le savait, abritaient des vampires. Ce n'était pas une attaque d'eux qu'elle redoutait, quoique le petit poignard insinuait le contraire, plus que tout, Rhydaë désirait ne jamais avoir à croiser à nouveau le regard de l'un d'eux. Haine, mépris, injustice, follie, vengeance et dégout, voilà ce qu'elle y verrait. Mais le pire était de se dire que ces yeux là étaient le reflet de ceux des maîtres qui, au détriment de leurs esclaves, jouissaient de leur supériorité comme un roi sur ses sujets.

C'était là. Rhydaë s'arreta un instant, réflechissant, hésitante, à ce qu'elle comptait faire. Même dans un moment pareil et après tout ce qu'il s'était passé, c'était vers son père que se retournaient ses pensées. Son père, cet homme vil de qui elle avait hérité sa première esclave, elle qui ne supportait pas la soumission qu'il l'avait forcé à adopter avec lui. Mais le temps avait oeuvré, et finalement, Rhydaë ne regrettait pas d'avoir accepté Yria auprès d'elle, bien que leurs relations étaient parfois tendues. Et c'est justement ce sentiment d'avoir réalisé quelque chose de bien dans le mal, d'avoir offert une meilleure vie à une vampire destinée à être esclave qui rendait la décision de Rhydaë incontestable.

Elle avait choisis, plutot que de nier ce système, d'en faire elle même partie. Bien sûr, elle n'allait pas se prétendre vampire et rejoindre ses camarades de conviction. Non, elle allait en quelque sorte rejoindre le rang de l'ennemi. Acheter un second esclave, ou plutot son premier, car Yria avait attérie chez elle sans qu'elle ne le désir vraiment, au départ du moins. Etrange revirement de situation, mais Rhydaë était certaine que c'était une bonne chose.

- Vous cherchez quelque chose, mademoiselle ?

Rhydaë sursauta un peu. Le choc provoquait par la vision de ce qu'était une vente d'esclave l'avait déconnecté un instant du monde réel. L'homme qui l'avait abordé était jeune et plus grand qu'elle. Au vu de ses vêtements, ce n'était pas un de ceux qui, entassés dans des cages, attendaient d'être vendus. Même s'il ne s'était pas adressé à Rhydaë de cette manière, celle ci aurait immédiatement reconnu en lui en maître, comme si cette étiquette était écrite sur son front.

Regardant autour d'elle, Rhydaë remarqua qu'elle était loin d'être seule, et que ce commerce, aussi odieux soit il, rapportait bien à ceux qui osaient en tirer profit. Il y avait beaucoup, beaucoup de vampires, tous retenus contre leur volonté, et on leur accordait guère plus d'estime qu'à des animaux. D'ailleurs, l'homme n'avait il pas dit "quelque chose" en designant la multitude de cage autour de lui ?

- Oh, je préfère le trouver seule.

Le "merci" de politesse habituel resta coincé dans sa gorge, comme s'il était tellement inaproprié aux circonstances qu'il refusait de lui même d'être prononcé. Rhydaë ne s'y reprit pas à deux fois, et prit congé de l'homme pour reporter son attention sur les articles.. Des hommes, des femmes, parfois des adolescents qui devaient être moins agés qu'elle, il n'y avait qu'une distinction : celle des humains et des vampires. Pendant qu'elle passait entre eux, Rhydaë sentait qu'elle était observée. Ils devaient la maudir, et ils n'avaient pas tort. Pouvaient ils savoir les véritables intentions de la jeune femme ? Non, évidement que non. D'ailleurs, Rhydaë se garderait bien de le leur faire comprendre tant qu'elle était entourée de tous ces futurs maîtres, à moins qu'ils ne viennent ici quotidiennement.

Maintenant qu'elle avait franchi le pas et qu'elle était arrivée jusque là, une difficulté qu'elle n'avait pas présagée s'imposait à elle. Parmi tous ces vampires, lequel deviendrait sien ? Elle y avait vaguement réfléchi, mais c'était tellement improbable pour elle qu'elle achève son acte qu'elle repoussait sans cesse cette question. Mais désormais, elle était au pied du mur, et elle ne pouvait repartir qu'en prennant avec elle un seul, chanceux ou pas, vampire. Elle était tentée par les plus jeunes, car les conditions dans lesquels ils évoluaient étaient effroyables, mais Yria n'aurait elle pas préféré un homme ? Elle ne l'avait pas consultée à ce sujet, et elle commencait à s'en repentir.

Son regard s'arreta alors sur un jeune homme, immobile dans sa cage, dont les pensées demeuraient inconnues de Rhydaë, bien qu'elle se doutait que cette inconfortable position dans sa cage ne devait pas l'enchanter. Craignant de croiser son regard, Rhydaë tourna autour de lui un moment, comme devant un objet plutot sympathique mais totalement inutile que l'on hésite à acheter. Avec ce vampire là, c'était un peu l'inverse. Elle savait ce pourquoi elle cherchait un esclave, mais elle se demandait ci celui ci ne lui poserait pas encore plus de problèmes que Yria. Elle ne voulait pas que celà se finisse mal, pour personne, et elle devait savoir, avant tout, ci cet homme la comprendrait ou la jugerait simplement comme étant hypocrite.

- Je me nomme Rhydaë Tharos. C'est la première fois que je viens ici, c'est assez genant à vrai dire. Je crois savoir ce que tu penses de tous ces gens, et de moi par la même occasion, mais ne te méprends pas, je ne suis pas comme eux. Mais, je ne suis pas venue parler avec toi, ca aussi je crois que tu t'en doute. Quel âge as tu ?

Rhydaë s'était enfin lancée. Ce n'était pas une question franchement en rapport avec ce qu'elle devait apprendre, mais il fallait bien quelque chose pour entamer la conversation, et elle doutait fort qu'un "Et sinon ça te plait de vivre ici ?" soit bien accueilli. Elle se rapprocha de lui et continua de le fixer, de regarder son visage impassible, tachant de se faire une estimation de ce qu'il avait bien pu vivre avant qu'elle ne l'apperçoive, attendant dans sa cage d'être vendu.

Le sinistre endroit résonnait de soupirs ennuyés et de conversations à voix plus ou moins basse, créant parfois des bourdonnements quand plusieurs groupes de vampires parlaient entre eux... Il fallait bien communiquer pour ne pas crever d'ennui, c'était la seule façon de se distraire. Les plus jeunes inventaient des jeux pour passer le temps, suivis rapidement par les adultes qui en préféraient des plus techniques. Certains avaient des jeux de cartes sur eux ou des dés, ce qui était plutôt pratique. La nourriture était un infâme sang de falmari en sachet qui devait avoir plusieurs semaines, ce qui en gachait grandement le goût... Bref, chacun s'occupait comme il le pouvait, tout cela dans une atmosphère plus ou moins silencieuse qui avait quelque chose d'assez lugubre. Les vampires aimaient le calme mais étaient réputés pour être assez sauvages. Il ne fallait surtout pas se fier aux apparences...

La clochette de l'entrée tinta, quelques têtes se tournèrent vers l'entrée pour voir la nouvelle arrivante mais ils reprirent bien vite leurs activités. Deux ou trois vampires, des nouveaux, essayaient par tout les moyens d'attirer l'attention sur eux... Il faudrait qu'on leur explique que ce ne serait pas comme cela qu'ils sortiraient de leur prison. Asherith n'eut même pas un regard vers l'entrée, les idées bien loin d'ici, pensant à sa terre natale qu'il ne reverrait sans doute jamais... Qui sait, peut être aurait il de la chance et retournerait là bas... Des flashes de l'attaque des traqueurs et du massacre qui s'en suivit lui revinrent en mémoire. Les vampires capturés embarqués dans des camionnettes blindées. Ceux qui résistaient trop étant froidement abattus...

Il ne regarda même pas l'humaine quand elle lui parla... Tssss, toujours le même barratin... Les humains n'étaient pas très imaginatifs... Elle lui faisait le coup de la "gentille" mais qu'adviendrait il de lui une fois qu'il serait seul chez elle ? Oh, il pourrait tout à fait la tuer, ce serait même plaisant. Il la torturerait avant, ce n'était pas marrant du tout si il l'envoyait d'un coup en enfer, il fallait savoir durer le plaisir. Il se tourna vers elle et plongea ses inquiétants yeux rouges dans ceux de l'humaine en l'ayant au préalable détaillée longuement de haut en bas histoire de la mettre encore plus mal à l'aise... Il fallait avouer qu'elle était plutôt jolie. Son nom et son âge étaient affichés sur un panneau sur le côté de sa cage, ainsi que son prix et une observation des vendeurs sur le comportement du vampire. Il ne pouvait pas le voir mais il savait que cela ne faisait pas d'éloges sur lui, vu son caractère rebelle et violent. Le regard du vampire était un concentré de haine et de sentiments négatifs tournés vers les humains. Sadisme, moquerie, mépris, etc... De nombreuses choses du genre s'y reflétaient. Un tourbillon rouge qui ne réclamait que la vengeance...

Tu sais combien de fois j'ai entendu ce discours ? N'essaye pas de jouer à la plus maline avec moi. Quand à mon âge, je pense que vous devez être aveugle pour ne pas le voir.

Le panneau était bien en évidence. Le vampire avait parlé d'une voix extremement sèche et méprisante. Il ne la vouvoyait pas... Pourquoi montrer de la politesse et du respect envers une esclavagiste ?

Mais si tu veux vraiment de moi, achète moi donc. Mais n'essaye pas de me faire de coups tordus car je te le rendrais au centuple.

Un sourire franchement sadique se dessina sur les lèvres du vampire.

Rhydaë fut assez déconcertée pendant que le vampire la dévisageait de ses yeux rouges vif. Elle savait que peu importe son apparence, il aurait toujours un jugement négatif sur elle. Il ne répondit pas immédiatement,et continua de l'observer, ce qui permit à Rhydaë de le détailler sans paraître impolie. Bien qu'il ne se tenait pas debout, Rhydaë conclut qu'il devait être grand, surement plus qu'elle. Son allure était d'ailleurs imposante, et il possédait un certain charisme. Comme la jeune femme, il portait une longue cape qui formait un petit tas sur le sol autour de lui. Sa couleur était semblable à celle de ses yeux, qui n'avaient pas laché Rhydaë, mal à l'aise. Comme elle cherchait à éviter son regard, celle ci se concentrait plutot sur les vêtements du vampire que sur son visage. Cependant, le laps de temps où elle se permit de lever les yeux vers lui, elle trouva que, malgré son expression méprisante, il était assez beau.

Il n'avait pas de marque de blessure et de cicatrice, et son visage était jeune, qui ne portait pas encore la trace de longues années de captivité. Bien que celà paraisse extraordinaire, Rhydaë ne trouva qu'une solution à ce mystère : il avait un jour était libre. Si c'était le cas, elle aurait encore d'avantage de mal à gagner son estime, car celui qui n'a pas connu la liberté conserve moins d'amertume que celui qui a du la quitter.

Sans grande surprise, le vampire ne se montra pas sous son aspect le plus chaleureux lorsqu'il répondit à Rhydaë. Elle ne savait pas vraiment si elle pourrait gerer un second vampire, et apparement, la réponse était non. En plus d'être plus agé qu'elle, comme l'indiqué l'écriteau sur la cage, Asherith Silas était surement très fort, et s'il se retournait contre elle, elle ne préférait pas imaginer ce qu'il se passerait. Quand son père était mort, il n'avait rien pu tenter pour échapper à son sort. Peut être que Rhydaë n'avait pas suffisement songé à l'avenir, car d'autres doutes qui pourtant étaient évidents lui vinrent en tête.

Pour nourrir Yria, elle pouvait à la rigueur s'approvisionner en sang, mais ce régime serait il toujours valable pour deux vampires, ou devrait elle trouvait autre chose que de simples sachets pour les rassasier ? Au lieu d'acheter leur sang, acheter directement l'un de ceux qui le fournissait.. Un falmaris. Ce qui subissait cette espèce n'était guère plus enviable que le sort des vampires, mais il était inconcevable de continuer à acheter des sachets de sang en si grande quantité et régulierement. En plus de ne pas être rentable, ce système était fort déplaisant, car Rhydaë n'appréciait pas vraiment de devoir sortir presque tous les deux jours en ville pour trouver le repas de Yria, qu'elle partagerait prochainement avec un autre vampire. Mais qui serait ce vampire ?

A la deuxième réplique d'Asherith, Rhydaë fut assez stupéfaite de voir avec quelle désinvolture le vampire lui annonçait qu'il se moquait un peu que se soit elle ou un autre qui devienne son maître, mais qu'il saurait se faire respecter. C'était une réaction similaire à celle de Yria, mais cette fois, Rhydaë éprouvait plus d'apprehension. D'où lui venait cette crainte nouvelle ? Peut être dans le fait qu'Asherith soit un homme.. Si maintenant elle se mettait à avoir peur du vampire qui logerait chez elle, il fallait qu'elle soit imprudente de l'acheter. Mais elle n'oubliait pas ses convictions, et elle commençait à comprendre que si elle voulait changer les autres, il fallait qu'elle change elle même dans un premier temps.

Il ne lui fallut donc pas plus de cinq minutes pour se décider. C'était une décision importante et sur laquelle elle ne pourrait plus revenir, mais elle savait que c'était la meilleure, celle qu'elle attendait depuis un moment déjà. Mais avant tout, elle devait avoir une ultime confirmation. Asherith allait lui donner du mal ? Eh bien, soit, elle parviendrait à lui prouver ses véritables intentions qui n'avaient rien, comme le vampire les qualifiées, de "coups tordus".

- Je vais être honnête, je savais déjà l'âge que tu as. Il me fallait bien un pretexte pour te parler. C'est un bien jeune âge pour être emprisonné. Tu es Asherith alors.. C'est un beau prénom. Tu dis que tu as déjà entendu maintes fois mes propos, mais le fait que tu sois toujours enfermé prouve qu'ils n'étaient pas fondés, et que ceux qui les ont pronnoncés n'avaient jamais eu dans leurs intentions de te donner une vie différente. Je ne dirais pas meilleure, celà aurait été à toi seul d'en juger. Pour moi, ce que j'ai dis est la vérité, je ne me considère pas comme ayant des points communs avec ceux qui achète un vampire pour en faire leur homme à tout faire contre sa volonté, leur esclave. Je n'approuve pas ces manières, et je souhaite réellement un changement. Libre à toi de me croire ou non, mais tu n'as rien à perdre en venant vérifier, de tes propres yeux, que ce que j'ai avancé bien ce en quoi je crois.

Rhydaë cette fois le regardait droit dans les yeux, comme pour appuyer son discours. Asherith, dans son air déterminé peut être, avait quelque chose qui plaisait à la jeune femme. Bien qu'il soit le premier vampire à qui elle s'adresse dans le caveau, elle n'avait plus envie de parler à quelqu'un d'autre. Elle voulait désormais faire rennaître l'espoir en lui, elle voulait qu'il la rejoigne. Mais elle ne le forcerait pas à devenir son esclave, celà irait à l'encontre de ses principes. Elle voulait que ce soit lui qui, de lui même, le veuille.

Asherith lui avait bien proposé de l'acheter, mais ce n'était pas ce genre de déclaration que Rhydaë aurait aimé entendre. Sa phrase s'apparentait plus à une menace qu'à une opinion, et plus que tout, Rhydaë ne voulait pas qu'une telle relation s'instaure entre eux.

Rhydaë s'écarta légerement de l'allée principale, si c'est ainsi que l'on pouvait appellé l'interstice entre deux rangées de cage, et s'assit à son tour, face au vampire. Non pas qu'elle ait soudain ressentie une intense fatigue, mais elle pensait que cette conversation serait plus convaincante si aucun d'eux ne se placait en position de supériorité par rapport à l'autre, que cette attitude soit fortuite ou non.

En relevant à nouveaux les yeux vers Asherith, la jeune femme remarqua que son expression avait changée. Il était sûr de lui, et parvenait même à afficher un sourire significatif, auquel Rhydaë essaya de ne pas preter attention. Son avis sur elle changerait, il fallait qu'il change, car sinon, il serait injustifié. Si cette cage qui emprisonnait le vampire n'était pas là, on aurait pu croire que les rôles étaient inversés. Mais ce n'était pas le cas, et Rhydaë voulait à présent que le vampire vienne, de son plein gré, du bon coté des barreaux.

- J'admire beaucoup ton insoumission malgré les conditions que l'on t'impose. C'est une preuve que tu crois encore en la liberté. Une vampire vit déjà avec moi, elle se nomme Yria. Je pense qu'elle a rennoncé à ça depuis un moment, mais elle continue à se montrer rebelle et, comme toi, insoumise. Mais c'est plutot parce qu'elle ne veut pas perdre sa dignité. Toi, tu l'as également conservé, et si tu gardes ce regard, c'est parce que tu n'as pas perdu l'espoir. Mais d'après toi, si tu continues à vivre ici, guère mieux traité qu'un animal, combien de temps encore pourras tu croire en cet espoir ?

Elle replaca une mèche de ses cheveux qui s'était mise devant ses yeux, qui n'avaient pas quitté Asherith. Celà n'avait jamais été simple avec Yria, car en plus d'avoir connu son père, elle était son esclave pendant une longue, bien longue pérode. Cependant, à force du temps, le regard de Yria s'était un peu modifié, mais celui de Rhydaë était toujours le même lorsqu'elle la regardait. Elle ne voyait pas en elle son esclave, mais bien une personne à part entière, vampire mais qu'importe, qui vivait chez elle, qui vivait avec elle.

Comme il le pensait, son plan pour mettre mal à l'aise la jeune humaine marcha assez bien... Elle en profita pour l'observer elle aussi de son côté, de façon un peu plus discrète que le vampire par contre. Il remarqua que celle ci évitait de le regarder dans les yeux, chose qu'il trouvait assez amusant. Les deux personnes s'observèrent ainsi pendant quelques minutes, cherchant à cerner l'autre. Le vampire gardait sa mauvaise opinion sur les humains et ne faisait pas d'exception pour celle ci... La demoiselle plongea dans une profonde reflexion. A quoi pouvait elle bien penser ? Il aurait bien aimé être télépathe histoire de savoir ce qu'elle pouvait bien manigancer... Mais ce n'était malheureusement pas le cas...

Le vampire écouta la jeune humaine parler. Le fait qu'elle essayait d'engager la conversation avec une chose aussi bidon que celle de lui demander son âge trahissait peut être un manque d'imagination chez la demoiselle. Il l'écouta avec plus ou moins d'attention, zappant la flatterie et nota que l'humaine était assez étrange... Mais cela devait être sûrement un piège pour le mettre en confiance ! Il ne se laisserait pas faire si facilement ! Malheureusement pour elle, Asherith était loin d'être idiot.

Soit tu est sincère auquel cas tu est une humaine très étrange. Soit tu est tellement intelligente au point d'être capable d'inventer des mensonges extremement élaborés... En tout cas, je penche pour la seconde solution.

Il fut un peu surpris qu'elle se mette ainsi à son niveau... Décidément, cette femme avait un esprit complètement machiavélique. Pourtant, il commençait à douter un peu... Et si... ? Non, cela était trop étrange pour être vrai... Mais pourtant... Elle avait une autre vampire, du nom d'Yria qu'il trouvait très beau... Pourquoi ne pas donner sa chance à cette humaine ? Ce qu'elle disait était vraiment bizarre et il était curieux de voir si elle tiendrait promesse. Si elle mentait, il s'amuserait avec elle le plus longtemps possible et la laisserait agoniser quand il aurait finit de la torturer. Si elle le trompait, il lui réservait un traitement spécial qui l'emmènerait vers des confins de la souffrance... On ne se moquait pas impunément de lui ! D'ailleurs, une expression franchement sadique se dessina sur son visage pendant un instant puis disparut aussi rapidement qu'elle était venue.

Tu m'intrigues Rhydaë, ce que tu dis est tellement étrange... J'aimerais voir si tu est sincère... Je te suis, achète moi... Mais ne t'avise pas de me tromper... Ce serait la dernière erreur de toute ton exsistence...

Le vampire ricana sinistrement, souriant sadiquement de nouveau. Il voulait être sûr de ce qu'elle risquait avec lui. On voyait très bien qu'il ne plaisantait pas, cela donnerait des frissons à n'importe qui. Son envie de sortir de cet endroit se faisait de plus en plus pressante, d'où le fait qu'il lui ait demandé de l'acheter. Il devait sortir d'ici, par n'importe quel moyen... Il allait devenir fou si il restait plus longtemps dans cet endroit sinistre.

L'expression du vampire n'était pas vraiment convaincue, et Rhydaë eut même l'impression furtive qu'un sourire tout sauf chaleureux s'était étiré sur ses lèvres l'espaces d'un instant. Mais l'air impassible d'Asherith avait pris le dessus sur ce trait significatif, laissant Rhydaë hésitante. Etait ce réellement signe extérieur de ce que ressentait le vampire, ou simplement un sourire qu'elle avait mal interpeté ? Celà ressemblait d'avantage à un sourire mauvais, méprisant, un peu comme les yeux rouges qui continuaient de fixer Rhydaë. Mais qu'importe les aprioris, tout le monde pouvait changer de position.

Imperturbable, Asherith soutenait son regard sans ciller, mais la jeune femme, elle, ne parvenait pas à se sentir à son aise dans cet endroit, les yeux couleur du sang de son interlocuteur rivés sur elle, comme s'il cherchait à décripter ses mouvements. Que voulait il lire en l'observant ainsi ? L'honnêteté ou le mensonge ? Tout aurait été bien plus facile dans les intentions de Rhydaë si les autres humains comme les vampires pouvaient croire en ses paroles. Mais ce n'était malheureusement pas le cas, et une fois de plus, elle devrait prouver sa sincérité.

On se pressait devant elle, un peu plus loin près d'une autre cage. Bientot, son occupant quitterait ce sinistre endroit pour se retrouver chez son nouveau maître. Etait il quelqu'un de juste, qui reconnaissait la terrible erreur que constituait ces ventes, ou était il comme tant d'autre, incapable de saisir la véritable valeur d'une vie ? Même Rhydaë, qui pourtant se donnait corps et ame dans la première option n'était pas certaine que se soit celle que partage ce maître là, qui emmenait à présent son esclave, retenu par des chaînes, vers un lieu qui serait peut être plus sinistre que cette batisse dans la vieille ville où les espoirs mourraient, effacés par l'argent et les motivations personnelles de ceux qui se fichaient de savoir que sans espoir, on pouvait mourir à son tour.

Quelqu'un passa, et Rhydaë perdit de vue l'autre cage. Elle était à nouveau isolée sur un coté du passage, assise à même le sol et entrain de dialoguer avec un vampire pour le moins résolu à ne faire confiance qu'à lui même.

Ses doutes exposés, Rhydaë voulut apporter d'autres arguments à Asherith, mais celui ci ne lui laissa pas le temps d'ajouter quoi que ce soit. Il ne croyait pas ce qu'elle disait, et appart en lui montrant en temps réel, comme elle l'avait suggeré, il ne le croirait jamais. Et que pouvait bien faire Rhydaë pour lui assurer qu'elle était différente de tous ces gens qui vagabondaient dans ces especes d'allées que séparaient les cages, et qui se pressaient contre l'une ou l'autre, flairant la bonne affaire avec cet enfant à mi prétention mi apeuré, et se hatant d'en faire l'acquisition avant qu'un autre acheteur ne le leur prenne sous leur nez ?

Non, Rhydaë n'était pas comme eux, elle n'appréciait pas Asherith parce qu'il avait l'air desespéré, qu'il l'avait supplié, ni parce qu'il paraissait fort apte à réaliser les taches ménagères chez elle, absolument pas. Rien de tout ça ne correspondait à ce que pensait Rhydaë en regardant le vampire.

En lui, elle voyait une jeune homme interessant, décidé, avec ses opinions pourtant fondées, mais qui n'étaient qu'un cas géneral. Rhydaë voulait sortir du lot, être l'exception qui confondrait la règle. Ce n'était pas son père, elle ne le serait jamais, mais si elle ne faisait rien, elle ne pourrait guère être mieux considérée que lui.

Asherith prit la parole, et Rhydaë l'écouta, anxieuse. Etait ce la preuve d'un changement de position qu'elle sentait dans ses propos ? A nouveau ce sourire étrange, incompréhensible pour celui qui n'a pas l'habitude de ce genre d'expression. Un rire qui s'y melait, et des menaces. Plus d'erreur possible, Asherith était loin d'être convaincu, et si il acceptait Rhydaë comme maître, rien n'était moins sûr qu'il la croyait. Mais ce n'était plus un mur impassible auquel Rhydaë était désormais confrontée. Le vampire avait sous entendu la possibilité de son changement d'opinion sur elle en lui disant qu'il aimerait une preuve de sa sincérité. Mais il allait l'avoir !
Maintenant qu'elle était sûre de faire le bon choix, Rhydaë ne manquerait pas sa chance de montrer que la liberté est toujours là, quelque part, et qu'elle attend simplement qu'on la rejoigne.

- Tu refuses de me croire, mais tu acceptes que je tente de te convaincre. Alors je ne ferais rien de tel, ce serait te trahir et me trahir en même temps. Je suis un peu soulagée, je tenais vraiment à ce que ce soit toi.. Enfin, reste là. Encore un peu du moins.

Sur ces mots, elle se releva, et un leger sourire se dessina sur ses lèvres. Asherith voulait quitter cet endroit ? Rhydaë allait lui ouvrir la porte. Elle retourna dans l'allée principale à la recherche de l'homme qui l'avait précédement abordé. Maintenant qu'elle avait son accord, celà ne lui paraissait pas si dramatique d'acheter le vampire. L'homme était occupé avec d'autres clients potentiels, mais en repérant Rhydaë, qui avait visiblement l'air d'avoir trouvé ce qu'elle voulait, il les laissa pour s'approcher d'elle.

- Vous avez trouvez, mademoiselle ?

- Lui, assis là bas près du mur.

Elle désigna d'un geste volontairement négligeant la cage d'Asherith, et sembla soudain profondement interessée par une vampire un peu plus loin. La voilà maintenant à tenter de négocier Asherith, mimant une désinvolture pour faire baisser son prix. Mais quelqu'était le prix qu'il coutait, c'était surement ridicule comparé au véritable prix d'un homme, et Rhydaë ne le laisserait pas tomber maintenant. L'homme parut réfléchir, et Rhydaë fit quelques pas sur le coté pour mieux contempler la vampire.

- Très bien, très bien. Un mâle de vingt ans. Bon choix.

- J'étais pressée, je n'ai pas eu le temps de m'atarder dans ces détails. Combien alors pour ce vampire ?

Ces paroles sonnaient faux sorties de la bouche de Rhydaë. Elle esperait juste que l'homme ne l'ait pas surprise lorsqu'elle s'était assise près d'Asherith pour lui parler pendant un bon moment. Apparement non, car le prix fut fort résonable. Rhydaë le diminua un peu, elle avait remarqué que c'était chose courrante, et une fois l'achat finalisé, elle retourna près d'Asherith, pendant que des hommes venaient ouvrir la cage. Ca y était enfin. Le vampire était à elle, pret à constater ou non sa sincerité. Mais Rhydaë aussi était prête. Prête à commencer cette nouvelle vie, car c'était là un tournant important, à prendre en sa posséssion un Falmaris, car c'était inévitable, et à cotoyer tous les jours à partir de cet instant le vampire, car c'était de cette façon qu'elle lui montrerait qu'elle ne voulait pas l'exploiter, mais juste, ah, si c'était si simple, nouer, peut être, des liens avec lui.

- Sortons d'ici, Asherith.

C'était étrange de savoir qu'il y avait peut être des êtres humains exceptionnels. Peut être que la jeune Rhydaë en faisait partie... Ou peut être le trompait-il, tout simplement. Le vampire gardait sa méfiance habituelle, ce qui était tout à fait normal. Ne vous méfieriez pas des gens si vous étiez enfermé dans une cellule pour être vendu à une personne que vous ne connaissez ni d'Eve ni d'Adam ? De plus, Asherith était un vampire sauvage, il était né libre. Il avait l'habitude d'être armé mais on lui avait pris ce genre d'effets lors de sa capture. Resultat, il se sentait nu comme un ver. Cela en rajoutait encore plus à la situation désagréable qu'il était obligé de subir... Peut être que cette humaine le surprendrais... Ou peut etre pas...

Celle ci lui dit alors qu'elle ne tenterait pas de la convaincre car cela les trahirait tout les deux. Le vampire n'avait pas bien saisit ce qu'elle voulait dire mais laissa passer car il ne voulait pas être pris pour un imbécile... Ah ! Elle n'avait pas intérêt à lui demander quoi que ce soit lorsqu'ils arriveraient chez elle... Jouer les larbins, non merci... Celle ci le laissa un instant pour aller remplir les formalités et payer. On ouvrit ensuite la cellule du vampire et celui ci s'aperçu sans surprise qu'il était plus grand que l'humaine. Il ne se fit pas prier deux fois pour sortir de cet endroit maudit. Une fois dehors, il respira un bon coup.

Ca fait du bien d'être sorti...

Il eu un grand sourire, qui n'était pas adressé à l'humaine mais qui montrait sa joie. Asherith avait envie de se dégourdir les jambes. Le vampire avait jeté un coup d'oeil intrigué à l'arme que portait la jeune femme. Avait elle peur d'être agressée ? Jouait-il le rôle de garde du corps ? D'ailleurs, que valait cette arme ? Etait elle de bonne facture ?

Voilà, c'était fait. Rhydaë sortait du "caveau aux vampires", non plus seule, indécise, et pleine de doute. Non, tout ces sentiments contradictoires s'étaient évanouis à présent. Remplacés par d'autres, certes, mais Rhydaë avait désormais les idées plus claires. Il n'y avait pas que ses appréhensions qui s'étaient modifiées. Lorsque la capuche sombre fit irruption dans la ruelle d'avantage plongée dans la pénombre qu'à l'allée, une autre silhouette vint se placer derrière elle. Une silhouette que personne ne connaissait réellement, ni les vendeurs detestables de ce marché de la honte, ni Rhydaë, et le vampire était même un inconnu pour l'allée humide, car il commençait à pleuvoir à gouttes fines. Asherith était le seul à se connaître, et à savoir s'il désirait que d'autres sachent qui il était vraiment. Biensûr, Rhydaë avait demandé quelques renseignements le concernant, mais un nom - peut être faux, une taille ou un poids peuvent ils caractériser un individu ? Inutile de répondre. Rhydaë avait tout à apprendre, et elle ne voulait pas perdre de temps. C'était peut être une erreur que de précipiter les choses, et d'ailleurs, celà n'avait pas très bien fonctionné avec Yria.

Dès les premiers jours, les relations entre les deux jeunes femmes avaient été tendues, trop, au goût de Rhydaë, qui s'était sentis coupable d'avoir forcé les choses. Mais c'était différent avec Yria, à cause de leur passé commum. Ce vampire, c'était une nouvelle chance, une nouvelle histoire que Rhydaë désirait entendre. Elle n'avait pas pris la décision d'acquérir un nouvel esclave pour rattrapper les erreurs commises avec Yria, simplement pour essayer, grace à lui, d'en apprendre plus sur ce qu'ils pouvaient ressentir. Et puis, un homme, un vampire, ou n'importe qui, mais un humain, ne méritait il pas de vivre librement ?

Rhydaë cherissait la liberté, c'était là une des raisons qui l'avait poussé à monter cette entreprise. Mais tout ça remontait à déjà bien longtemps, du moins était ce l'impression qu'elle avait. Maintenant, elle avait de nouvelles responsabilités. Si elle aimait la liberté - ce n'était pas pour rien qu'elle était devenue écrivain, elle voulait surtout la partager. Vivre libre dans les couloirs d'une prison ne présente guère d'avantage.. Rhydaë venait d'acheter une clef, et elle avait ouvert une des portes. Il en restait beaucoup, mais qu'importe le temps qu'il faudrait pour vider chaque cellule, elle prendrait ce temps, et elle libererait tous les prisonniers. Rêve utopique, encore ? Elle en faisait souvent, et c'était même devenu un idéal à atteindre. Son but, sa raison de vivre. Même s'il lui fallait du courage, elle le puiserait dans ceux qu'elle aurait précedement aidé, et elle continuerait toujours d'oeuvrer.

- Ce n'est pas un lieu où vivre. Je ne sais pas beaucoup de choses te concernant. Des détails, mais rien de vraiment personnel. J'aimerai te connaître, si tu le veux bien sûr. Et si tu as des questions, sur ta nouvelle demeure, sur Yria, ou sur moi, n'hésite pas. Je ne veux pas qu'un malaise s'installe entre nous, c'est important. Je ne ferai rien pour te nuire, mais il faut en échange que je puisse avoir confiance en toi.

Elle le fixait, bien que l'obscurité de son visage, dissimulé sous sa capuche ne permettait pas d'en attester. Cependant, elle regardait ses yeux rouges luisants avec sincérité, une expression qu'elle mêlait à chacune de ses paroles. Si elle prétendait être honnête avec lui, il fallait admettre qu'au sujet de son père, elle serait bien plus discrète. Cette histoire de famille était comme un cadavre caché dans une armoire. On y pense, et quand on croit oublier, l'armoire nous fait face, et on se souvient. Et quand quelqu'un s'en approche de trop près, inévitablement, on craint que la porte ne s'ouvre en offrant ses secrets. Bien qu'elle n'y soit pour rien, Rhydaë n'était pas fière de son passé, et pour qu'Asherith puisse réellement la comprendre, il fallait qu'elle tire un trait dessus un moment, avant de tout lui dire.

Ils avaient déjà marché un long moment, et bientôt, le manoir serait en vue. A présent, Rhydaë était anxieuse pour une raison tellement légère comparé à l'ordinaire qu'elle esquissa un sourire. Le confort de son hôte avait primé sur les doutes et l'hésitation. Elle avait emmenagé plusieurs pièces qui ne lui étaient pas vraiment utile, et à coté de celle d'Yria, il y en avait justement une, sa jumelle, pour laquelle elle avait opté. La chambre était simplement meublée, mais celà valait toujours mieux qu'une cage posée à même le sol.

Après avoir laissé le silence s'instaurer, Rhydaë brisa soudain le mur, et, couvrant le crépitement de la pluie, elle demanda :

- Tu as de la famille, ici ?