Reyel se sentait complètement perdu, mais il avait quand même osé demander à son nouveau maître ce qu’il pouvait faire, et s’il aurait le droit d’aller dans son jardin. Comme tout falmari, Reyel ne supportait pas d’être loin de la nature, et même si la serre du fleuriste était bien entretenue, il lui tardait vraiment de retrouver l’air pur de la nature !
Son maître acquiesça, lui indiquant qu’il avait bien un jardin suffisamment grand, mais qu’il devait quand même faire attention à ne pas aller trop loin. La promesse d’un kidnapping effraya un peu le falmari qui s’enfonça dans le siège de la voiture, sous la couverture, et ne bougea plus du reste du trajet.
Et bien… Cette nouvelle vie qui s’annonçait ne semblait pas être sous de bons auspices… Son maître semblait être quelqu’un d’autoritaire, qui supporterait mal toute entorse à la règle, au grand dam du falmari qui justement, ne connaissait aucune des règles qu’il fallait suivre !
La vie semblait bien dangereuse parmi les humains. Reyel commençait à se demander s’il arriverait à s’y habituer. Il n’avait pas vraiment le choix à vrai dire, il devrait se débrouiller, mais cela s’annonçait déjà très dur.
Il regarda le paysage défiler d’un œil morne, avant de finalement fermer les yeux pour se reposer un peu. Ce fut l’arrêt soudain de la voiture qui le fit réagir et il ouvrit les yeux pour regarder l’endroit où ils s’étaient arrêtés.
Une grande maison se dressait juste devant eux, assez impressionnante, mais très belle en tout cas. Elle avait l’allure des manoirs chics d’antan, et ressemblait quelque part à son propriétaire.
Propriétaire qui à l’instant même se tourna vers Reyel et lui indiqua qu’il allait lui préparer à manger, ainsi qu’un bon bain. Cette attention, au lieu de faire plaisir au falmari, le fit baisser la tête et se sentir coupable. Il avait cru, à tort, que son maître était fâché qu’ils ne l’aient pas nourri correctement, et qu’il était énervé de devoir s’occuper de lui. Alors maintenant, s’il devait en plus gérer son bain et son repas tout cela parce que le falmari était blessé, il s’imaginait qu’il devait le voir comme un poids inutile, ce qui le rendit vraiment mal à l’aise.
La voix de l’humain était légèrement traînante, fatiguée, remplie d’exaspération… Comme s’il était malade, et alerté, Reyel releva la tête pour regarder un peu plus profondément son maître.
Il semblait plutôt pâle, et ses traits tirés en disaient suffisamment long sur son état de santé. Non seulement il était très fatigué, mais en plus il devait être malade ! Le falmari n’était pas idiot et il connaissait ces symptômes.
Mais alors qu’il allait s’en inquiéter, son maître détourna la conversation sur sa fleur. Le visage de Reyel s’illumina, comme à chaque fois qu’on abordait le sujet, et il répondit avec joie :
« Le perce-neige ! Vous savez, cette petite fleur blanche qui naît au début du printemps ! La première de l’année ! »
Il semblait métamorphosé quand il évoquait sa fleur, et cette joie un peu enfantine resta en lui, même quand il demanda d’une petite voix :
« Je… Je ne sais même pas votre nom à vous. Comment vous appelez-vous ? »